16.         Willie

 

Contre toute attente, les années qui suivirent furent, à de nombreux égards, les plus heureuses de sa vie, exception faite de celles de son mariage.

À  présent qu'il n'était plus responsable de ses métayers, des partisans des Stuart ou de ses compagnons de cellule, n'ayant à sa charge personne d'autre que lui et les chevaux dont il avait la garde, il menait une vie relativement simple. Il était convenablement nourri, blanchi et logé et les lettres qu'il recevait occasionnellement de Lallybroch l'informaient qu'il en allait de même là-bas.

L'un des aspects les plus inattendus de cette existence tranquille à Helwater fut le rétablissement de son étrange amitié avec lord John Grey. Comme promis, le major faisait son apparition une fois par trimestre, passant plusieurs nuits chez ses amis les Dunsany. Cependant, pas une fois Jamie ne le surprit en train de jubiler sur son sort de domestique. Il ne cherchait même pas à engager la conversation, si ce n'était pour lui demander brièvement et formellement s'il ne manquait de rien.

Peu à peu, Jamie comprit ce que lady Dunsany avait insinué lorsqu'elle avait proposé de le faire libérer. John vient d'une famille très influente. Son beau-père est... bah, peu importe... ! avait-elle dit. Bien au contraire, cela importait considérablement. Ce n'était pas le bon vouloir de Sa Majesté qui l'avait conduit ici au lieu de le condamner à une périlleuse traversée et à une vie de quasi-esclavage en Amérique, mais bien l'influence de John Grey.

Il n'avait pas agi pour se venger ni pour l'avoir à sa botte, loin de là. Jamais il ne lui fit la moindre avance. Ils se voyaient à peine, hormis pour échanger quelques politesses d'usage. Non. Jamie avait été conduit à Helwater faute de mieux. Dans l'incapacité d'obtenir sa libération, Grey s'était efforcé d'alléger les conditions de sa détention, en lui offrant une vie au grand air, de la lumière et des chevaux.

Il fallut à Jamie un certain temps et des efforts considérables pour surmonter ses préjugés. Un jour que, lors de l'une de ses visites trimestrielles, Grey se trouvait dans l'écurie, Jamie attendit qu'il soit seul, en train d'admirer un hongre alezan. Il vint alors se placer à côté de lui et s'adossa à la clôture. Ils contemplèrent le cheval en silence pendant quelques minutes.

— La tour noire contre votre roi en quatre coups, murmura-t-il sans le regarder.

Il sentit son voisin tressaillir puis se tourner lentement vers lui, mais il ne bougea pas.

— Mon cheval blanc contre votre fou en trois coups, répondit enfin Grey d'une voix un peu rauque.

Dès lors, à chaque visite, Grey venait passer une soirée dans l'écurie, assis sur le tabouret en bois brut de Jamie, pour discuter. Ils n'avaient pas d'échiquier et jouaient rarement aux échecs oralement, mais ils pouvaient bavarder jusque tard dans la nuit. Grey était le seul lien de Jamie avec le monde au-delà d’Helwater et leur réunion trimestrielle était un petit plaisir auquel tous les deux aspiraient.

Mais surtout, il y avait Willie. Le domaine d’Helwater était un lieu consacré aux chevaux et, avant même que l'enfant ne tienne sur ses deux jambes, son grand-père l'avait perché sur un poney afin qu'on lui fasse faire des tours d'enclos. Dès l'âge de trois ans, Willie était capable de tenir seul en selle, sous l'œil attentif de son palefrenier, Alex MacKenzie.

Willie était fort, courageux et très beau. Il avait un sourire ravageur et, s'il l'avait voulu, il aurait pu charmer les oiseaux sur leurs branches. Il était également terriblement gâté. Le neuvième comte d'Ellesmere, seul et unique héritier des deux domaines d'Ellesmere et d’Helwater, sans mère ni père pour le contrôler, menait par le bout du nez ses grands-parents en adoration perpétuelle, sa jeune tante et son armée de domestiques. Tous... sauf MacKenzie.

Ce n'était pourtant pas faute d'essayer. Jusque-là, Jamie était parvenu à calmer les caprices et les exigences de l'enfant en menaçant de ne plus lui apprendre à monter. Mais tôt ou tard, les menaces ne suffiraient plus, et le palefrenier se demandait ce qui arriverait lorsqu'il finirait par perdre son sang-froid et ne résisterait plus à la tentation d'administrer une bonne correction au petit brigand. Enfant, il n'aurait jamais osé parler à une femme comme Willie répondait à sa tante ou aux servantes.

Cependant, la plupart du temps, Willie ne lui apportait que de la joie. Il adorait MacKenzie et, à mesure qu'il grandissait, passait de plus en plus de temps avec lui, chevauchant les gros chevaux de trait lorsque Jamie passait le rouleau dans les champs, ou jouant dans les charrettes l'été lorsqu'on rapportait le foin des hauts pâturages.

Une menace pesait néanmoins sur cette existence bucolique, plus patente à mesure que les mois passaient. Par une triste ironie, elle provenait de Willie lui-même, et le malheureux n'y pouvait rien.

— Quel adorable enfant ! Et comme il tient bien en selle ! se pâma lady Grozier.

Elle se tenait sur la véranda où elle prenait le thé avec lady Dunsany, admirant les pérégrinations du petit lord autour de la pelouse.

Comblée d'aise, la grand-mère éclata de rire.

— Oh oui. Willie adore son poney. Nous avons un mal fou à le faire descendre de selle pour prendre ses repas. Et il s'entend si bien avec son palefrenier ! Nous plaisantons parfois en disant qu'il passe tellement de temps avec MacKenzie qu'il commence même à lui ressembler physiquement !

Lady Grozier, qui, jusque-là, n'avait pas prêté attention à l'homme qui accompagnait l'enfant, ajusta son lorgnon.

— Mais oui, c'est vrai ! s'exclama-t-elle. Comme c'est extraordinaire ! Regardez, Willie a exactement le même port de tête et la même façon de sortir ses épaules !

En l'entendant, Jamie ne broncha pas, regardant droit devant lui, mais il sentit une sueur froide lui couler dans la nuque.

Il l'avait vu venir, mais n'avait pas voulu croire que la ressemblance serait assez frappante pour être visible à un autre que lui. Tant qu'il n'était encore qu'un bébé joufflu, Willie n'avait ressemblé à personne en particulier. À  mesure qu'il grandissait, son visage s'affinait et, si son nez n'était encore qu'un petit bourgeon de chair rosé, on devinait déjà les pommettes hautes et la mâchoire carrée qu'il aurait plus tard. Mais le plus parlant encore, c'étaient ses yeux bleu sombre, bordés de longs cils noirs et légèrement bridés. C'étaient les yeux des Fraser. Brian, le père de Jamie, avait les mêmes, tout comme Jenny, sa sœur. Bientôt, lorsque les os du visage commenceraient à affleurer sous la peau et que le petit nez rond de Willie deviendrait long et droit, la ressemblance sauterait aux yeux de tous.

Jamie attendit que lady Grozier et lady Dunsany rentrent dans la maison, puis se palpa la figure sans quitter du regard le petit garçon perché sur le poney. Malgré le soleil de juillet, ses doigts étaient glacés.

Le moment était venu de parler à lady Dunsany.

Vers la mi-septembre, tout était arrangé. Sa grâce avait été accordée. John Grey la lui avait apportée la veille. Jamie avait pu mettre de côté un peu d'argent, assez pour son voyage, et lady Dunsany lui avait donné un bon cheval. Il ne lui restait plus qu'à faire ses adieux à ceux qu'il avait connus à Helwater et à Willie.

— Je pars demain, milord, lui annonça-t-il sur un ton détaché.

Il évita soigneusement de croiser le regard de l'enfant, se concentrant sur le sabot de la jument baie qu'il était en train de raboter.

La corne s'effritait en gros copeaux noirs, s'amoncelant sur les dalles de l'écurie.

— Où tu vas ? À  Derwentwater ? Je peux venir avec toi ?

William sauta du rebord du box, atterrissant sur le sol avec un bruit sourd qui fit peur à la jument.

— Ne faites pas ça, dit Jamie d'un ton machinal. Je vous ai déjà dit mille fois de ne pas faire de gestes brusques à côté de Milly, elle est nerveuse.

— Pourquoi ?

— Vous seriez nerveux, vous aussi, si je vous tenais la jambe en l'air.

— Dis, Mac, je pourrai la monter quand tu auras fini ?

— Non.

Ce n'était que la dixième fois que l'enfant lui posait la question depuis le début de la matinée.

— Pourquoi ?

— Parce qu'elle est encore trop grande pour vous.

— Mais je veux la monter !

Jamie poussa un soupir et ne répondit pas. Reposant la jambe antérieure droite de Milly, il la contourna et s'attaqua à son sabot gauche.

— J'ai dit : je veux la monter ! répéta l'enfant.

— Je ne suis pas sourd.

— Alors qu'est-ce que tu attends pour la seller ! Maintenant !

Le neuvième comte d'Ellesmere pointait son petit menton en avant, mais son air supérieur se teinta d'une certaine incertitude quand il croisa le regard glacial de Jamie. Celui-ci reposa lentement la jambe du cheval à terre et se redressa de toute sa hauteur. Il croisa les bras et toisa le petit lord.

— Non, dit-il doucement.

— Si ! cracha Willie en frappant du pied. Tu dois m'obéir !

— Non.

— Si.

Serrant les dents, Jamie s'accroupit devant l'enfant.

— Pour votre gouverne, Willie, je ne suis plus tenu de vous obéir. Je ne suis plus votre palefrenier. Comme je viens de vous le dire, je m'en vais demain.

William pâlit.

— Tu ne peux pas. Tu n'as pas le droit !

— Oh que si !

— Non ! hurla l'enfant, hors de lui.

Dans son état de fureur, il ressemblait à s'y méprendre à son arrière-grand-père paternel, Simon Lovât, dit le « vieux renard ».

— Je t'interdis de partir !

— Pour une fois, milord, vous n'avez pas votre mot à dire ! C'est moi et moi seul qui décide, rétorqua Jamie.

— Si tu pars... 

William chercha désespérément autour de lui un moyen de pression puis, l'ayant trouvé, il reprit sur un ton plus assuré :

— ... Si tu pars, je vais crier et faire peur aux chevaux, na !

— Tu ouvres la bouche, petit voyou, et je te botte les fesses !

Le comte d'Ellesmere, peu habitué à ce genre de menace, en resta bouche bée. Puis, virant au rouge vif, il tourna les talons et se mit à hurler à tue-tête dans l'écurie, en agitant les bras.

Milly, déjà passablement sur les nerfs, réagit aussitôt en faisant une embardée et en piaffant de peur, déclenchant une cascade de ruades et d’hennissements dans les boxes, tandis que William éructait tous les gros mots qui lui passaient par la tête.

Jamie parvint à rattraper la bride de Milly et, non sans mal, à la sortir dans l'enclos. Il l'attacha à la clôture puis revint au pas de course dans l'écurie.

— Merde, merde, merde ! s'égosillait Willie. Putain ! Crotte ! Bite ! Cul !

Jamie l'attrapa par le col, le souleva de terre et le traîna jusqu'au tabouret du maréchal-ferrant. Là, il s'assit, renversa le jeune comte à plat ventre sur ses genoux, et lui administra cinq ou six fessées. Puis il le redressa et le déposa à terre.

— Je te hais ! hurla William, les joues baignées de larmes.

— Je ne vous porte pas dans mon cœur, moi non plus, espèce de petit bâtard ! aboya Jamie.

Willie serra les poings, rouge comme une pivoine.

— Je ne suis pas un bâtard ! vociféra-t-il. C'est pas vrai, c'est pas vrai ! Tu n'as pas droit de me dire ça, retire-le tout de suite ! Je ne suis pas un bâtard !

Jamie le dévisagea avec stupeur. Le bruit courait donc déjà, et l'enfant l'avait entendu ! Il avait trop tardé à disparaître.

Il prit une profonde inspiration.

— Pardon, murmura-t-il. Je retire mes paroles. Je n'aurais jamais dû dire ça.

Il eut envie de prendre l'enfant dans ses bras pour le réconforter, mais un palefrenier ne pouvait s'autoriser une telle familiarité avec son maître, si jeune soit-il.

Willie, de son côté, faisait de gros efforts pour maîtriser ses larmes. Jamie sortit son mouchoir et s'agenouilla devant l'enfant.

— Je peux ? demanda-t-il.

Il lui essuya doucement les joues, la seule forme de caresse qu'il pouvait se permettre envers son fils.

— Tu dois vraiment partir, Mac ? demanda Willie d'une petite voix.

— Oui, il le faut.

Jamie croisa ce regard bleu nuit qui ressemblait tant au sien, puis soudain, n'y tenant plus, envoya au diable les convenances et pressa l'enfant contre lui, serrant la petite tête dans le creux de son épaule pour qu'il ne voie pas ses larmes. Il caressa tendrement les cheveux de Willie en lui murmurant de douces paroles en gaélique. Ils restèrent ainsi un long moment, puis l'enfant se libéra doucement.

— Viens avec moi dans ma chambre, lui dit Jamie, j'ai quelque chose à te donner.

Il avait quitté son grenier à foin pour emménager dans l'ancienne chambre de Hughes derrière la remise des harnais, le vieux chef palefrenier ayant pris sa retraite. C'était une petite pièce monacale, mais qui avait la double vertu d'être chaude et intime.

Près du lit, du tabouret et du pot de chambre se trouvait une petite table sur laquelle étaient posés quelques livres, une longue chandelle, une bougie plus petite et plus grosse, et une statuette en bois de la Vierge grossièrement taillée que Jenny lui avait envoyée.

— À  quoi elle sert, cette bougie ? demanda Willie. Grand-mère dit qu'il n'y a que les sales papistes qui font brûler des bougies devant des images païennes.

— Je suis un sale papiste, le renseigna Jamie. Et ce n'est pas une image païenne, mais une statue de la mère du Christ.

— Ah ! fit l'enfant, fasciné. Mais alors pourquoi les papistes brûlent-ils des bougies devant des statues ?

— Eh bien... euh... c'est une façon de prier... et de se souvenir. Tu allumes la bougie, tu récites une prière et tu penses aux gens que tu aimes. Tant qu'elle brûle, la flamme se souvient d'eux à ta place.

— À  qui tu penses, toi ?

— Oh, à beaucoup de gens. À  ma famille dans les Highlands... à ma sœur et sa famille. À  mes amis. À  ma femme.

Parfois aussi, la flamme brûlait à la mémoire d'une jeune effrontée appelée Geneva, mais il se garda bien de le préciser.

Willie fronça les sourcils.

— Mais tu n'as pas de femme.

— Non. Plus maintenant. Mais j'en ai eu une et je pense toujours à elle.

Willie avança un doigt prudent et effleura la statuette. La Vierge tendait les mains en avant en signe de bienvenue, son doux sourire exprimant une sérénité toute maternelle.

— Moi aussi, je veux devenir un sale papiste, annonça-t-il fermement.

— Mais tu ne peux pas ! protesta Jamie, mi-amusé mi-ému. Que diraient ta grand-mère et ta tante ?

— Tu crois qu'elles se mettraient à baver comme ce renard enragé que tu as tué l'autre jour ? demanda Willie.

Cette image ne semblait pas lui déplaire.

— Ça ne m'étonnerait pas !

— Je veux devenir papiste ! répéta l'enfant d'un air résolu. Je te jure que je ne le dirai pas à grand-mère et à tante Isobel. Personne ne le saura. S'il te plaît, Mac ! S'il te plaît ! Je veux être comme toi !

Jamie hésita. Le désir du garçon le touchait et il aurait aimé lui laisser quelque chose de plus durable que le cheval de bois qu'il lui avait sculpté en guise de cadeau d'adieu. Il tenta de se souvenir de ce que le père McMurtry leur avait enseigné pendant les cours de catéchisme : dans les cas d'urgence, et en l'absence d'un prêtre, un laïque pouvait administrer le baptême. La situation pouvait difficilement être qualifiée d'urgente mais... baste ! Il plongea la main dans la cruche d'eau posée près de son lit.

Du bout de ses doigts dégoulinants, il dessina lentement le signe de croix sur le front de l'enfant.

— Je te baptise, William James... au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. Amen.

Willie cligna les yeux, louchant pour suivre du regard une goutte d'eau qui roulait le long de son nez. Sortant la langue, il la cueillit au passage, faisant rire Jamie malgré lui.

— Pourquoi tu m'as appelé William James ? s'étonna l'enfant. Mon vrai nom, c'est William, Clarence, Henry, George.

Il fit la grimace. Manifestement, Clarence ne lui plaisait pas.

— Lors du baptême, on te donne un nouveau nom. James est un nom papiste. C'est aussi le mien.

— C'est vrai ? dit l'enfant, ravi. Alors ça y est ? Je suis un sale papiste, moi aussi ?

— Oui... enfin, je crois bien.

Il plongea la main sous sa chemise et sortit son rosaire qu'il glissa autour du cou du garçon.

— Tiens. Garde ça sur toi, c'est un souvenir. Mais surtout, ne le montre à personne. Et, pour l'amour de Dieu, ne dis jamais à personne que tu es un papiste !

— Je te le jure. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer, dit Willie en caressant les perles de hêtre.

Il rangea précautionneusement le rosaire sous son col, vérifiant qu'on ne le voyait pas à travers sa chemise.

— Bien, dit Jamie en lui ébouriffant les cheveux. Il est bientôt l'heure du goûter. Il faut que tu rentres chez toi à présent.

Willie se tourna vers la porte, puis s'arrêta en chemin, l'air préoccupé.

— Tu m'as donné un cadeau pour que je me souvienne de toi. Mais je n'ai rien à t'offrir en échange !

Jamie sourit. Il avait le cœur si serré qu'il crut ne rien pouvoir répondre.

— Ne t'inquiète pas, dit-il d'une voix cassée. Je ne t'oublierai pas.

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